Lorsque je suis arrivée à Paris, j’avais décidé de faire des choses que je ne ferais probablement qu’une fois dans ma vie. Les détails étaient un peu obscurs : le moulin rouge ? paris en bateau mouche? Mais je connaissais déjà une activité dont je rêvais : les catacombes. A ce moment là je ne savais pas vraiment de quoi il s’agissait : on m’avait parlé d’un réseau souterrain où il est possible (mais interdit) de se promener, pourvu que l’on trouve quelqu’un pour nous montrer l’entrée et nous promener.
Après avoir dit et répété à tous les parisiens que je connaissais que je rêvais de découvrir ces souterrains, à force d’insister, le collègue d’une amie s’est avéré être un guide potentiel. Un vendredi après midi j’ai reçu un texto qui me disait : « catas vendredi prochain ? ». Je ne suis peut être pas la plus grande trouillarde du monde, mais pas non plus la plus aventurière. J'avoue qu'apres avoir appris que le charmand garçon qui nous accompagnait avait participé activement à des émeute, et deja fait de la garde à vue, le vendredi, je me faisais pipi dessus. En plus bien sur on ne connaissait pas ses potes qui devaient venir aussi. Et puis quand j’ai réalisé que je stressais quand le metro s’arrete dans un tunnel, j’ai eu du mal à me projeter, me promenant pendant des heures sous terre, dans le noir, avec des grands rebelles. Et puis je savais que je serais fiere de moi, alors je n’ai rien annulé, j’ai juste inondé mes amis de textos qui décrivaient mes derniers voeux, prévenu certains qu’ils ne me reverraient peut etre pas. (le lendemain j'ai reçu beaucoup de coups de fils qui vérifiaient que je n'étais pas égarée sous terre). Le vendredi soir, je suis arrivée, équipée, avec deux lampes de poche et une couverture de survie, et un sac bien rempli. M’attendaient quelques amis, et les trois guides que je ne connaissaient pas, genre grands barraques, piercings, pas franchement effrayants (et plutot sympathiques, mais les cris qu’ils faisaient plus tard dans les galeries m’ont fait penser que j’étais heureuse qu’ils soient avec nous et pas dans un autre groupe :P
Après nous avoir expliqué comment se passerait l’entree, ils ont du me faire la courte echelle pour passer un mur, et apres une promenade en plein air, nous avons atteint un trou dans un mur par lequel il fallait s’engouffrait. Si je ne savais encore rien de ces galeries, il s’agit en fait de galeries fortifiées entre la fin du 18e et aujourd’hui. Depuis tres longtemps (si j’ai tout suivi, le 14e), des galeries ont été creusé pour l’exploitation de la pierre à paris. Ces galeries étaient un peu anarchiques, et représentaient des risques d’effondrements importants (qui ont fait s’effondrer des maisons en surface aussi). Vers 1780, on a décidé de solidifier tout ça. Des galeries ont été construites, solides et souterraines, correspondant pour certaines aux anciens tracés de carrières, et pour d’autres juste explorant le souterrain à la recherche des prochaines carrirèes. Ces tunnels suivent donc les rues de la surface, ou plutôt les anciennes rues. Dans le plus grand réseau, les tunnels s’étendent de saint michel à porte d’orléans, de montparnasse au val de grace… il existe d’autres réseaux en banlieue, à vincenne, dans le 13e, et dans le 16e, mais je n’ai pas eu l’occasion de les visiter.
Il y a beaucoup à raconter sur ces galeries, et mes prochains messages feront un peu office de guide, mais pour le moment je voulais raconter cette première entrée dans ce monde. Notre groupe assez hétéroclite a commencé à avancer dans les galeries sombres à la recherche de la première salle dans laquelle nous nous reposerions, la plage. Là, ils nous ont demandé si nous préférions ressortir par la même entrée, au sud, ou bien par une plaque d’égouts se situant près de saint Michel. Evidemment, pour mieux profiter de la découverte, la sortie qui nous permettait de ne pas répéter le même chemin nous plaisait plus. Notre guide officiel, F, (très sympathique, comme les autres d’ailleurs), qui n’était pas favorable à cette décision, craignant des imprévus, a donc refusé toute responsabilité, déléguant le groupe entier à ses amis T&T. La promenade a été finalement assez courte puisque le but était de ressortir avant le dernier RER, donc après quelques salles, et aucune rencontre, nous sommes arrivés dans le nord du réseau, près de St Michel. Là, l’amie qui m’avait dégotté un guide, qui était devant le groupe s’est arrêté net. On semblait perdus. Devant elle, un trou, qui ne semblait pas tout a fait de la taille d’un adulte. Elle s’est exclamé « on est perdus la hein ? pasque moi en tous cas je passe pas la ! ». T1 s’est approché, pour jeter un coup d’œil. Oui on semblait perdus. Il a insisté pour jeter un coup d’œil. J’étais un peu derrière et j’ai peut être mal compris, mais de ce que j’ai vu, le grand baraque a sauté dans le trou, plongé, il a été aspiré de l’autre coté. Puis plus de réponse. T2 s’est alors approché, et nous a dit que lui aussi allait jeter un coup d’œil. Lui s’est beaucoup moins débrouillé, et nous avons entendu des cris paniqués : chuis coincé ! alors que ses jambes gigotaient en l’air. La blague a duré 5mn. On se regardait, atterrés, nous demandant la part de vérité et de délire. Finalement il est passé. On a envoyé F pour qu’il nous dise si vraiment il fallait passer de l’autre coté. Après être resté coincé environ un quart d’heure (alors que les autres le torturaient de l’autre coté a moitié sorti), celui-ci nous a dit de le rejoindre. Un a un , nous avons donc rampé. Il s’agissait d’un trou qui permettait de passer sous un mur. Si dans un premier temps j’ai pensé que je ne passerais pas (même en faisant des efforts, je ne suis pas taillée en U, et j’ai du mal a ramper en me cambrant, sans utiliser les bras qui n’ont pas de place), finalement, je suis passée, comme tout le monde. La deuxième blague était une chatière, cette fois ci a environ un mètre trente du sol. Plus haute, mais encore moins large. Cette fois ci les bras n’avaient vraiment pas la place de passer en avant. Enfin hissée par mes amis derrière, j’ai réussi a passer. La dernière chatière nous permettait d’arriver… dans un réseau de fils électriques. Etrange. Déjà courbaturés, nous avons tous rampé.
Là à une centaine de mètres, T1 nous a dit qu’il fallait maintenant monter l’échelon pour pousser une plaque d’égouts. Seulement… la plaque ne bougeait pas. T1 hurle a T2 qu’il n’y arrive pas. Plusieurs effort. Faut il la dévisser, la pousser ? T2 monte. Ils essaient a deux. T1 descend. T2 descend. La plaque n’a pas bougé. Elle est scellée. S’ensuit une discussion sur « ah oui les flics ont du la sceller pasque pendant les manifs on leur jetait des plaques dessus ». soit. De toute façon tout parait bizarre dans les catas. Enfin ca ne réglait pas le problème. Il fallait repasser par les trois chatières.
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